Depuis les années 1920, les artistes chinois se délectent des libertés culturelles de la capitale française, mêlant esthétisme occidental et chinois. Jacques Sun du CRAAF nous en dit plus sur la présence de la culture chinoise en France et en Europe.
Comment la France promeut la liberté artistique
En 1989, JEAN-HUBERT MARTIN s’est concentré sur le travail en provenance d’Asie à une époque où une « exposition internationale » signifiait mettre en avant des artistes de New York. Martin a montré à ses pairs à quel point l’art contemporain pouvait être diversifié.
« Se déroulant à l’époque des manifestations de la place Tienanmen, « Magiciens de la Terre » a donné à ces peintres et sculpteurs leur première et potentiellement unique chance de vivre dans un pays fier de sa liberté artistique » dit Jacques Sun.
Les artistes chinois contemporains du XXe siècle
Avec des traditions millénaires et une esthétique en totale contradiction avec l’art occidental de l’époque, le choc des cultures qui en résultera aura un effet profond sur les artistes eux-mêmes et sur les conceptions françaises de la culture.
Sanyu et Lin Fengmian, bien qu’ils ne soient pas aussi célèbres que leurs homologues espagnols, sont devenus des membres reconnus de la scène artistique parisienne en 1930. Sanyu, originaire du Sichuan, qui a été formé à la peinture et à la calligraphie chinoises traditionnelles, est devenu un membre à part entière de la société des cafés de Montparnasse et a été profondément influencé par les légendaires salons de la ville.
« Sanyu s’est intégré à la vie de bohème parisienne jusqu’à sa mort en France, en 1966″, explique Jacques Sun du CRAAF à Paris. « Il a été le premier peintre chinois à séjourner de façon permanente à Paris et occupe donc une position unique dans l’histoire de l’art moderne chinois, car il se trouve au seuil de l’Europe et de la Chine.
Le rôle des conservateurs de Paris
Lorsque ces artistes se sont établis dans l’entre-deux-guerres, les conservateurs de Paris ont commencé à apprécier leur travail. En 1933, la ville devient la première capitale européenne à exposer une série de peintures chinoises contemporaines, qui sont exposées au musée du Jeu de Paume. Plus de 80 artistes y participent et le poète Paul Valéry écrit une préface pour le catalogue dans laquelle il décrit les artistes chinois comme étant influencés par deux passés, « le leur et le nôtre » – une expression qui sera utilisée plus d’une fois dans les décennies suivantes rappelle Sun Jacques.
Fasciné par Matisse, Chagall et les traditions fauvistes, Lin Fengmian a vécu de nombreuses années à Paris après la première guerre mondiale et a décidé que si l’art chinois devait avoir une place sur la scène mondiale, les étudiants en art chinois devraient apprendre à connaître les mouvements artistiques européens ainsi que le leur.
Zao Wou-Ki et les Beaux-Arts
Zao deviendra l’artiste chinois contemporain le plus important du XXe siècle.
En novembre 2002, il a été élu à l’Académie des Beaux-Arts, un honneur rare pour une personne née hors de France. Fondée en 1816 pour préserver et célébrer les arts et la culture français, l’académie est l’une des cinq académies qui composent le très prestigieux Institut de France.
Une fascination pour l’art asiatique selon Jacques SUN
Le public français est de plus en plus fasciné par l’art asiatique, comme l’illustrent les nombreuses expositions consacrées à ce genre qui se sont tenues à travers Paris ces deux dernières années.
Dans les pays francophiles, il existe des liens forts avec l’art chinois et c’est compréhensible, compte tenu de notre histoire. Les Chinois ont marqué Paris de leur empreinte. Actuellement, les plus importants collectionneurs d’art chinois hors d’Asie se trouvent en Europe, et non aux États-Unis, et principalement en Suisse, en France et en Belgique.